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Rentrée scolaire 2019-2020… Faut-il parler du spectre d’une nouvelle année mouvementée ?

Pour qui connaît l’histoire, et pour la première fois depuis l’avènement de la démocratie au Mali, suite à une prise de conscience collective des conditions de vie et de travail, 08 syndicats de l’éducation connus sous le nom « Les syndicats de l’éducation signataires du 15 Octobre 2016 », constitués du SYPESCO, du SYNEB, du SYNEFCT, du SYNESEC, du SYLDEF, de la FENAREC, de la COSES et du SNEC ont posé un acte salutaire selon les enseignants durant l’année scolaire précédente. Une année marquée par des mouvements de grèves qui ont failli compromettre celle-ci, mais finalement, dans un élan de solidarité et de compromis, les enseignants et le gouvernement ont signé un procès verbal, le 18 mai 2019.
Comment tout cela a-t-il été possible ?
Après plusieurs semaines d’intimidation de tous genres, sanctionnées par un non paiement de salaires, ne voyant aucun signe de découragement venant des grévistes déterminés, le gouvernement Soumeïlou Boubey Maïga s’est vu dans l’obligation d’appeler au secours afin d’éviter une année blanche. C’est pourquoi, dans le cadre de la gestion de cette crise, les syndicats de l’éducation signataires du 15 Octobre 2016 ont accepté de rencontrer plusieurs acteurs de la société civile et de certains partis politiques, particulièrement :
– Les Adolescentes des années 60 du lycée des jeunes filles de Bamako, le 08 février 2019 ; – L’AMSNEM, le 12 février 2019 ; – Le Collectif des CGS, des Chefs de quartier et parents d’élèves, les 24 et 26 février 2019 ; – La Coalition des Forces Patriotiques (COFOP), le 25 février 2019.
Toutes ces organisations sont parties écouter les syndicats pour s’imprégner de leurs revendications afin de s’impliquer dans la gestion de la crise en vue d’aller à un apaisement du climat social. Si certains avaient demandé un moratoire, d’autres au contraire avaient apporté tout leur soutien aux syndicats dans leurs mouvements de grève. Les mouvements ont continué jusqu’au 18 mai 2019 où un procès verbal a été signé, date à laquelle, les syndicats ont suspendu leur grève en attendant l’exécution des points d’accord.
Que reprochent les syndicats de l’éducation signataires au gouvernement Boubou Cissé ?
Pour informer l’opinion nationale et internationale, les leaders des syndicats de l’éducation signataires du 15 Octobre 2016 ont animé un point de presse, samedi 28 septembre 2019. L’objectif du point de presse pour les représentants des enseignants était de s’entretenir sur le point d’exécution du procès-verbal de conciliation signé entre eux et le gouvernement. Selon les syndicalistes, cinq mois après la signature de l’accord, l’exécution des points est peu reluisante. La raison est simple. Suivant le plan d’action élaboré par la commission de suivi de l’accord, les points 1, 3, 5, 7, 8, 8 et 10 par contre les points 2, 4 et 9 sont en cours d’exécution. Par rapport à la prise en compte des enseignants, régis par la loi N° 2018007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Enseignement préscolaire et spéciale conformément à la majoration intervenue sur la grille du statut général, le gouvernement a sciemment oublié cette loi qu’il a lui-même prise lors de la revalorisation de la grille, qui a été accordée aux fonctionnaires régis par le statut général . Or la loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, dispose en article 39 : « Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Enseignement préscolaire et spéciale. » Ce qui signifie que le personnel enseignant régi par cette loi doit bénéficier de cette majoration à travers une revalorisation de la grille annexée à la dite loi. Dans la logique d’atteindre cet objectif et surtout d’éviter au Mali la situation de l’année scolaire 2018-2019, les syndicats de l’éducation signataires ont privilégié une démarche scientifique et pédagogique en adressant au Ministre du dialogue social, du travail et de la fonction publique deux correspondances respectivement, le 30 mai 2019 et le 19 juillet 2019 pour attirer son attention sur la question. Mais malheureusement les deux ont été répondues timidement en mettant les leaders syndicaux en attente comme toujours. Aussi, les syndicats dans leur quête de solution à l’amiable ont adressé deux correspondances au Premier Ministre : – Une première, le 06 septembre 2019, pour demander l’application de l’article 39 de la loi portant statut du personnel enseignant ; – Une seconde, le 16 septembre 2019 pour demander une audience.
Les deux sont restées sans suite. Ce qui prouve à suffisance le mépris du Premier Ministre vis-à-vis des enseignants et étale par la même occasion au grand jour sa volonté de ne pas voir l’école malienne stable, apaisée et performante. Il oublie qu’il est un produit cette même école. Les syndicats dans la même dynamique ont sollicité une rencontre avec les familles fondatrices de Bamako et les leaders religieux. Cette demande est également restée vaine jusqu’à présent. Et pourtant ce sont les mêmes qui n’hésitent pas à aller rencontrer les enseignants quand le gouvernement en fait la demande. Lors de leur point de presse, les leaders syndicaux ont estimé qu’au regard de la situation qui prévaut, notamment la non exécution de certains points du procès-verbal de conciliation, du mépris et de la négligence dont fait preuve le Premier Ministre vis-à-vis d’eux, prendront toute leur responsabilité afin de mettre les enseignants du Mali dans leur droit. Au regard de cette conférence de presse, nous pouvons dire sans nul doute que le spectre d’une nouvelle année scolaire mouvementée est présent.
Qu’il me soit permis de poser certaines questions avant de terminer. – Si l’on aime son pays entant que dirigeant, pourquoi prendre des engagements qu’on ne peut pas honorer ? – Le Mali ne mérite-t-il pas d’avoir une école stable, performante et apaisée ? – Les dirigeants ne sont-ils pas des vrais terroristes qui veulent voir notre école morte ?
Affaire à suive…
Moulaye K. COULIBALY

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