CRISE SCOLAIRE Les Syndicats ripostent par un point de presse
Ce mardi 04 février, la maison des Enseignants a servi de cadre éclaircissement pour les syndicats de l’éducation sur les différentes sorties médiatiques du gouvernement.
Un document lu par le porte-parole Adama FOMBA .
Dans un document de communication intitulé « Déclaration liminaire du Gouvernement du Mali, relative à la grève des syndicats de l’Education, signataires du 15 octobre 2016 » qui circule sur les réseaux sociaux et exploité par des représentants du gouvernement lors des débats, nous avons relevé beaucoup de contre-vérités qui s’assimilent à un mensonge d’Etat, auquel il convient d’apporter un démenti car comme le dit un proverbe arabe: « le mensonge fait vivre une nuit, et la vérité toujours »
Notre document s’articulera sur quatre(4) points:
- La mise en œuvre de l’accord signé entre les syndicats et le Gouvernement, le 18 mai 2019.
« Un seul mensonge mêlé parmi les vérités les fait suspecter toutes », nous dit un proverbe français et c’est en cette circonstance que nous venons préciser que, sur les neuf(09) points puisque les syndicats en toute responsabilité ont concédé le point 6, relatif à la relecture du décret 529, la communication gouvernementale est loin de la réalité.
Ainsi, sur les neuf(09) points, la situation se présente comme suit :
- Points exécutés : 1, 3,5 et 8 ;
- Points non exécutés : 2,4 et 9 ;
- Points en cours d’exécution : 7 et 10.
Des statistiques qui contestent la version du gouvernement qui n’a d’autre objectif que de créer la confusion chez la population en vue de susciter un mépris généralisé à l’endroit des enseignants.
Rappelons que la majoration de l’indemnité de résidence prévue sur deux(2) ans en 2020 et 2021 n’est pas encore effective car le décret qui devrait matérialiser cette majoration n’est pas pris en Conseil des ministres. Donc, on aurait pu l’ajouter sur le calcul des salaires des enseignants.
- LES CONTRE-VERITES SUR L’EVOLUTION DES SALAIRES DES ENSEIGNANTS.
Dans son document de propagande, le gouvernement attribue des salaires faramineux aux enseignants certainement dans le sens de désinformer le peuple.
Il est important aussi de souligner notre amertume quant à la méconnaissance du système de calcul et/ou le vol organisé sur les salaires des enseignants sinon comment peut-on comprendre que des techniciens puissent commettre autant de mensonges.
A titre de contre-exemples :
- Un enseignant débutant de la catégorie A, classe 3,1er échelon, a, aujourd’hui et conformément au statut du personnel enseignant un indice de 350 et le salaire brut étant la multiplication de l’indice par la valeur indiciaire, cet enseignant aura comme salaire brut :
- 350 X400 = 140 000 F CFA au lieu de 288 051 F CFA comme annoncé par le gouvernement soit une différence de 148 051 F CFA.
- Un enseignant de la catégorie A, classe exceptionnelle,2ème échelon, a, aujourd’hui et conformément au statut du personnel enseignant un indice de 1060 et le salaire brut étant la multiplication de l’indice par la valeur indiciaire, cet enseignant aura comme salaire brut :
- 1060 X 400= 424 000 au lieu de 633 345 F CFA annoncé par le gouvernement soi une différence de 209 345 F CFA.
- Un enseignant débutant de la catégorie B2, classe, 1er échelon, a, aujourd’hui et conformément au statut du personnel enseignant un indice de 275 et le salaire brut étant la multiplication de l’indice par la valeur indiciaire, cet enseignant aura comme salaire brut :
- 275 X400 = 110 000 F CFA au lieu de 225 291 F CFA annoncé par le gouvernement soit une différence 115 294 F CFA.
- Un enseignant de la catégorie B2, classe exceptionnelle,2ème échelon, a, aujourd’hui et conformément au statut du personnel enseignant un indice de 725 et le salaire brut étant la multiplication de l’indice par la valeur indiciaire, cet enseignant aura comme salaire brut :
- 725 X400 = 290 000 F CFA au lieu 444 429 F CFA annoncé par le gouvernement soit une différence 154 429 F CFA.
Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 se réservent le droit de réclamer l’écart de salaire entre les montants communiqués par Boubou CISSE, Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances et les montants réellement perçus.
- L’application de l’article 39 qui stipule que : « Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et Spéciale »
- Les démarches
Les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016 dans le souci d’éviter une éventuelle crise ont engagé plusieurs démarches. Ainsi ils ont adressé deux(2) correspondances au Premier ministre :
- La première, le 06 septembre 2019, pour demander l’application de l’article 39 de la loi portant statut du personnel enseignant ;
- La seconde, le 16 septembre 2019, pour demander une audience.
Les syndicats ont voulu prendre à témoin l’opinion nationale et internationale, c’est pourquoi, ils ont tenu des réunions d’information et de sensibilisation avec les associations et membres de la société civile, le mercredi,11 septembre 2019 et le regroupement des partis politiques, le jeudi 12 septembre 2019 à la Maison de l’enseignant.
A leur demande, les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016, ont été reçus par le Premier ministre, le vendredi, 04 octobre 2019 à la Primature.
Au cours de la rencontre, il a été question de l’augmentation des 20% dont doivent bénéficier les enseignants régis par la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, Portant Statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale suite à la valorisation de la grille annexée au Statut général.
Sur la question, le chef du Gouvernement a reconnu la pertinence du point et s’est dit déterminé à honorer l’engagement de l’Etat car, l’augmentation est prévue par une loi et le gouvernement n’a d’autre choix que de l’appliquer.
Ainsi, il s’engage à appliquer le point avant la fin de l’année 2019. Une commission composée des syndicats, du ministre délégué chargé du budget et du Bureau Central des Soldes sera mise en place afin de travailler sur la question.
Les syndicats, toujours dans leur quête de solution à la question, ont rencontré la Commission de Bons Offices pour la Résolution de la crise scolaire, le 24 octobre 2019 pour partager avec eux les différentes informations et solliciter leur accompagnement afin d’aller à un dénouement heureux.
- LES NEGOCIATIONS
Les 12,14 et 15 décembre se sont tenu les travaux de la commission de conciliation sur le préavis de grève des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, dans la salle de conférence du ministère de l’éducation nationale.
Outre, les représentants des syndicats, il y avait :
Tout au long des travaux, la partie gouvernementale, a mis l’accent sur la situation sécuritaire et financière du pays, le nombre élevé des enseignants tout en insistant sur la non soutenabilité budgétaire de la demande des syndicats.
Ainsi, elle a maintenu sa proposition faite lors des travaux tenus en novembre 2019 c’est à dire octroyer un indice plafond de 1100 en 2020 et de 1200 en 2021.
A toutes ces propositions, les syndicats ont opposé les arguments selon lesquels, on ne négocie pas une loi ; et la question sécuritaire, financière et l’effectif des enseignants ne sauront être des arguments pour ne pas appliquer une loi.
Aussi, les syndicats ont rappelé les promesses du Premier ministre, Chef du Gouvernement, ministre de l’Economie et des Finances, tenues le 04 octobre 2019, lors de la rencontre qu’il a bien voulu accorder aux syndicats à la Primature.
Ils ont souligné que ces promesses ont été renforcées par le Président de la République qui a instruit le Premier ministre de satisfaire les revendications des syndicats, le 05 octobre 2019, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale des enseignants.
- QUE PROPOSE LE GOUVERNEMENT ?
Le gouvernement propose aux syndicats les indices plafonds suivants :
- 1100 en 2020 ;
- 1200 en 2021.
1100 équivaut à quoi sachant bien que l’indice plafond des enseignants est de 1060.
Le statut général était à 920.Il a bénéficié d’une majoration de 180 points.
Le gouvernement propose aux enseignants 1100 c’est une augmentation de 40 points.
Estimons en pourcentage la proposition faite par le gouvernement.
Taux= (1100-1060)/1060 = 40/1060 = 0.0377= 3.77%.
- QUE VEULENT LES ENSEIGNANTS ?
Les syndicats d’enseignants demandent au gouvernement d’appliquer l’article 39 sur la grille annexée à leur statut conformément aux 20% et 9.10%.
C’est-à-dire :
- En 2019 : 1060 X 1.20= 1272;
- En 2021 1272X1.09= 1386.
DIFFERENCE :
Donc à la place 1272 à compter de 2019, le gouvernement nous propose 1100 à compter de 2020 et à la place de 1386 en 2021, il nous propose 1200.
COMMENTAIRE :
le gouvernement se dit être prêt à appliquer l’article 39 en nous proposant 3.77% en lieu et place de 20% et qu’on a refusé. Cela est un mensonge d’Etat.
Il est dans la dynamique de ramener les enseignants de façon subtile dans le statut général et de leur faire perdre les acquis syndicaux obtenus depuis 2018.
- LE RECRUTEMENT DES VOLONTAIRES
Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 attirent l’attention des sortants des écoles de formation d’enseignants (IFM, ENSup, ENETP…) que le combat qu’ils mènent est celui qui consiste à rendre à la fonction enseignante sa noblesse, sa dignité et surtout la rendre attrayante.
A ce titre, ils les informent que les agissements du gouvernement visant à les utiliser comme des palliatifs à la crise en cours n’ont d’autre objet que de saper la détermination des enseignants dans leur lutte noble de restauration de la dignité de l’enseignant malien.
Aussi, ils informent les doyens retraités qu’accepter de participer à cette mascarade, c’est contribuer à torpiller la loi qui a vu la revalorisation de leur pension.
Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 informent l’opinion nationale et internationale que cet exercice du gouvernement :
- n’a aucune base juridique ;
- Viole l’article 30 de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant.
Ce n’est qu’une mise en scène dans laquelle les sortants et les retraités seront utilisés comme des acteurs pour tromper les Maliennes et les Maliens.
A cet effet, ils appellent chacun à sa responsabilité et surtout les sortants des écoles de formation pour lesquels, cette lutte est engagée.
CONCLUSION
Les syndicats de l’éducation, signataires du 15 octobre 2016 bien que disposés au dialogue entendent poursuivre avec toutes les actions légales pour faire appliquer la loi dans un pays démocratique.
Signe les syndicats signataires du 15 Octobre 2016