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SALIF KEITA = LE PELÉ AFRICAIN DEMANDE PARDON

MARDI 13 AVRIL 2021

À L’Aurore du 12 Décembre 1946 à Bamako, l’oracle murmura sous l’oreille du destin la naissance d’un Messie : celui du football Malien.

Loin d’un conte de fée, le créateur demande qu’une légende soit. SALIF KEITA fut, l’icône du football Malien.

Le football étant le sport le plus populaire au Mali, les admirateurs n’avaient qu’un jeune en ligne de mire. Car il avait la grâce dans les dribbles, du génie au finish. Insouciant qu’il portera un jour l’espoir de tout un peuple. Car entre lui et le ballon c’est plus qu’une relation d’amour, Il est sa chose et son meilleur complice.

SALIF KEITA ( Domingo) ou la panthère noire, émerveille d’abord le plan continental, << j’ai commencé avec les pionniers de Wolofôbougou avec les compétitions des pionniers. À partir de là en 1963, j’ai signé ma première licence junior avec le Real de Bamako. Après quelques matchs avec les juniors, j’ai intégré l’équipe première sous la direction d’un entraîneur français LAUREAL. J’ai joué mon premier match contre le Djoliba AC, conclu par une victoire. Le reste s’est enchaîné naturellement. Parallèlement, j’avais débuté en équipe nationale en Octobre 1963. J’ai fait un match amical avec la sélection de Bamako. Après, j’ai accompagné l’équipe Nationale en Indonésie avec quelques jeunes, comme SIVORI, DIAWOYE. Nous avons tous été repérés à l’occasion des compétitions des pionniers, pour les jeux des nouvelles forces montantes. Mais je considère l’affiche contre la côte d’Ivoire à Abidjan comme mon véritable début en sélection Nationale. J’étais remplaçant, après 30′ de jeu. je suis rentré. j’ai égalisé le But Ivoirien. C’était un partage de points entre deux rivaux>>.

Le Scorpion séduit et pique avec son club de cœur, << j’ai gagné des titres avec le Real. Au même moment, je jouais avec l’équipe Nationale. J’ai joué deux finales de compétitions Africaines des clubs (en 1964 avec le Stade Malien, 1966 avec le Real de Bamako). J’ai joué la finale au jeu Africain de Brazzaville en 1965>>.

L’éternel deuxième, après trois finales perdues, l’envi d’un changement s’impose à la légende du football Malien. Charles Daggueur, Libanais, vivant à Bamako, adresse plusieurs correspondances à Saint-Etienne, vantant les mérites du prodige Malien.

Les dirigeants stéphanois parlent de trouvaille,  selon M. GARRONERE recruteur de l’époque<< l’histoire de SALIF KEITA peut se résumer en un cadeau du ciel. Si nous suivons l’expression à la lettre. Car on est pour rien, on ne peut pas dire que c’est grâce à une investigation heureuse de notre agent recruteur, soit la compétence de l’entraîneur, ou la vigilance du dirigeant. C’est tout simplement, un supporter de Saint-Étienne nous à recommander SALIF KEITA avec tellement d’insistance. Le Président ROCHÉ a dit qu’il fallait le voir si ce n’est pas un oiseau rare dont on nous parle. Il avait tellement de chaleurs dans ses lettres, que le président ROCHÉ propose un coup d’essai, pour réellement voir le joueur en question>>.

Mais, SALIF estime que les verts ne croyaient pas à ses valeurs, << En réalité, ils savaient que j’allais venir, mais ils m’avaient pas programmés . Ils sous-estimaient le football Africain. Sinon il y a eu une correspondance entre M. Daggueur, malheureusement M. GARRONERE avait négligé. Il ne connaissait rien du Football Africain>>.

La panthère comprend donc, qu’il faut aller au-delà de ses limites pour convaincre. Faire un tri entre les danses Mandingues. Comme un maître d’art, porté l’esthétique du jeu Stéphanois au taille patron.

Salif marque dès son premier match et gagne le trophée des Champions dès sa première saison en 1967. En 68, 69, 70, il est champion de France avec son talent inégalé.

Le 1e Octobre 1969, le monde du football découvre la grandeur sans limite du génie Africain. Couvé par l’entraîneur Albert Batheu au match aller, la panthère s’illustre au match retour dans les chaudrons du Stade Geoffrey Guichard. Saint-Étienne avait perdu le match aller à Munich face au Bayern de Franc Beckenbauer, Guet Muller, à l’époque meilleur équipe de tous les temps avec ses trois League des champions (1974-75-76) (un record récemment battu par le Real Madrid de Zinedine Zidane). Avec une prestation héroïque, le natif de Bamako conclu par un 3e but magistral, synonyme qualification. Le monde du football européen se prosterna devant une légende venue du nouveau monde : le continent noir.

En saison 1970-1971, la panthère joue sa meilleure saison avec ses 42 réalisations, qui f0nt de lui, le deuxième meilleur buteur de tous les temps du championnat Français.

Les journalistes de France Football se réunissent pour valoriser un homme, dont les règlements l’empêchent de recevoir le ballon d’or Européen. Selon le maître de cérémonie, << Nous sommes réellement embêtés, car combien de fois nous avons voulu lui remettre le titre de meilleur joueur du championnat Français. Malheureusement, il n’était pas français, il était Malien. Malheureusement il ne joue pas pour l’équipe de France, malheureusement pour la France>>.

SALIF KEITA est ainsi premier ballon d’or Africain, << je suis très heureux de la distinction dont j’ai été l’objet. Je remercie les journalistes Africains pour leur choix de me designer premier ballon d’or Africain. Je remercie France Football pour avoir l’initiative d’un ballon d’or Africain conclu le modeste SALIF KEITA>>.

Le 31 Mars 1971, un match oppose à Colombes le Santos du Roi Pelé à une association de joueurs Marseillais et Stéphanois. Ce soir-là, SALIF brille et éclipse la Star Brésilienne. ARBERT BATHEU son entraîneur disait, << S’il était dans un grand pays de football. Il aurait été égal à Pelé, murmura BERETA>>.

Le meilleur joueur de l’époque était attendu par tout un peuple.

Ayant déjà honoré sa première sélection en 1963 dès l’âge de 16 ans. Le rêve de brandir un trophée continental repose sur les épaules de la star à Yaoundé en 1972.

Le 23 février 1972, le Cameroun accueille la 8e édition de la coupe d’Afrique des nations sur deux sites : Douala et Yaoundé.  La compétition regroupe 8 équipes : Le Cameroun pays organisateur, le Soudan tenant du titre, le Togo, le Maroc, le Kenya, l’Éthiopie, le Mali et le Congo futur vainqueur.

La rencontre Mali/Togo, génère une conséquence indélébile, les Aigles laisseront trop de plumes sur la remontée des Togolais. Blessé, le berger Malien est absent à la fois en demi-finale, et presque une finale car ne je jouera que 15 ‘. Une blessure qui le privera d’une coupe, le conjuguant en éternel deuxième.

Avec le temps, l’enfant terrible de Bamako apprécie difficilement un destin lourd, << on avait une belle équipe avec Bakary,Nany, Fantamady. J’ai été blessé depuis le premier match. Le deuxième match a aggravé ma blessure. Et beaucoup d’autres étaient dans cette situation. C’est à dire on a perdu la CAN à Yaoundé à cause de notre premier match contre le Togo. Un match qu’on avait dominé pendant 60’ avec deux buts. Les Togolais ont remonté les deux buts. Tous les autres matchs étaient des finales. J’ai reçu des injections pour démarrer la rencontre de la finale. Malheureusement, je ne pouvais pas tenir. J’ai joué étant blessé car les autres voulaient avec l’entraîneur, malheureusement nous avons perdu explique SALIF>>.

Selon Cheickna TRAORÉ dit Kolo National, la chance n’était pas avec les Aigles, << Il y a eu plusieurs blessures lors de notre première prestation contre le Togo. SALIF et plusieurs cadres de l’équipe ne pouvaient plus avoir les mêmes rendements. Une équipe sans ses cadres, ne peut pas prétendre à la performance>>.

Une défaite difficile à digérer par un peuple, au point d’oublier ses quatre finales continentales jouées avec le Mali (1964-1966, Clubs champions, 1965 jeu de Brazzaville,1972 CAN Yaoundé).

Seydou TRAORÉ dit SEYDOU-GOUATIGUI, gardien titulaire du premier Match de 1972 à Yaoundé, estime que SALIF KEITA est une mine d’or, inexploitée, << quand je voyais le traitement de SALIF par des grands joueurs du continent. Ils venaient vers lui avec l’appellation {Patron}. Je riais et je l’insultais car il reste un ami d’enfance. Ce gars-là est incroyable. Il peut tout donner au football Malien. Il est honoré en France à travers un stade même si, il a refusé la Nationalité française sur demande du Président français de l’époque. C’est largement édifiant, que SALIF KEITA est un patriote dans l’âme. Il pouvait avoir la double nationalité, mais, il a refusé conclu Seydou TRAORÉ>>.

Cheickna TRAORÉ dit Kolo-National, estime que SALIF KEITA reste le meilleur de sa génération<< Le football se joue avec 11 joueurs, mais SALIF KEITA reste le meilleur de tous. Je suis ancien de Djoliba, SALIF est du Real, malgré notre rivalité, il reste le meilleur joueur Malien de tous les temps conclu son coéquipier de Yaoundé 1972>>.

L’artisan de l’émancipation du football Africain est fêté à sa juste valeur par Saint-Etienne. Le meilleur joueur du siècle, du club avec ses 142 buts, est immortalisé par un stade, qui porte son nom. Avec sa modestie légendaire, SALIF KEITA apprécie, << Au-delà de ma modeste personne, ce stade est un symbole de fraternité, de solidarité entre le peuple français et le peuple Africain >>. Il est porté en triomphe comme numéro un devant Hervé Rivély, Michel Platini, Rachid Miclouffi et autres.

Joseph Antoine BELL ancien gardien des lions du Cameroun, occupe la 43e place de ce classement, << je sais que SALIF KEITA a beaucoup fait pour le football Africain, par la qualité de ses prestations. Quand j’ai été à Saint-Étienne, tout monde parle de son talent et de sa personnalité. On me parlait presque tous les jours de SALIF KEITA>>.

Les Stéphanois ont compris que, C’est un grand joueur qui fait un grand club. En 144 Matchs, le natif de Bamako a inscrit 282 buts toutes compétitions confondues.

Pour assurer la relève, il crée le Centre SALIF KEITA en 1994 à Bamako.

L’éternel deuxième devient l’éternel incompris, << Tous les gens qui commencent une nouvelle chose sont combattus. J’ai eu la chance d’avoir vécu ailleurs. De la France, en Espagne, aux USA en passant par le Portugal, ma vision était forcément différente de celle d’autres personnes. Je savais que le Mali pouvait aller loin en football avec une politique de formation des jeunes>>.

Renaître de ses cendres le football Malien, éclore les talents. Deux fruits donnent raison au philanthrope Dominique : Seydou KEITA et Mahamadou DIARRA DJILLA.

De juin 2005 à juillet 2009, il préside la fédération Malienne de football. La crise du football ne lui ait pas indifférent, << j’ai amené un peu d’organisation à travers les mises aux verts comme Kabala. Nous avons démarché les sponsors pour financer le championnat national>>.

Un gagneur, sans forcément le dire, regrette de ne pas avoir comblé les attentes d’une Nation. Avec une vie remplie, il assume. Et sans forcément le dire, il demande l’indulgence d’un peuple, << Il est évident que, je n’ai pas pu faire tous ce que, je pouvais faire. J’avais beaucoup de moyens, de possibilités. Mais le football est un jeu d’équipe. J’ai fait, ce que je pouvais. Les gens pensaient que je pouvais faire mieux, ce n’est pas un problème de volonté. Je pense avoir fait ce que je pouvais avec 4 finales. Je reconnais ne pas avoir répondu à l’attente des gens à 100/100. Il est difficile de satisfaire tout un peuple>>.

Si le football était une religion en Afrique, son premier prophète allait être Malien.

Loin d’un conte de fée, il était une fois SALIF KEITA

Dianguina KEITA

 

 

 

 

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